SOCIALISME - Histoire économique des pays socialistes

SOCIALISME - Histoire économique des pays socialistes
SOCIALISME - Histoire économique des pays socialistes

L’ensemble des pays appartenant au système socialiste d’économie pouvait se définir, jusqu’à l’effondrement de ce système en 1989-1990, à partir de trois critères principaux. En premier lieu, les activités économiques, tout comme la vie politique, étaient subordonnées aux décisions d’un parti unique, qu’il fût dénommé Parti communiste ou portât un autre nom (Parti socialiste ouvrier hongrois, Parti ouvrier unifié polonais, etc.). En deuxième lieu, l’organisation économique de ces pays reposait sur la propriété collective des moyens de production. En troisième lieu, la planification assurait la coordination des mécanismes économiques, avec un rôle croissant mais subsidiaire dévolu aux instruments de marché.

Géographiquement, cet ensemble comprenait, jusqu’en 1990, un sous-ensemble européen, cinq États asiatiques et un État américain, Cuba. Outre l’U.R.S.S., les huit États européens pouvaient se décomposer à leur tour en six pays membres du Conseil d’assistance économique mutuelle (C.A.E.M. ou, selon l’appellation anglaise abrégée, Comecon): la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République démocratique allemande ou R.D.A., la Roumanie, la Tchécoslovaquie, auxquels s’ajoutaient deux pays à caractéristiques politiques et économiques très différentes, l’Albanie et la Yougoslavie, qui avaient abandonné depuis longtemps le modèle soviétique. La Yougoslavie s’était définie en 1950 comme une société autogestionnaire, et l’Albanie demeurait, depuis sa rupture avec l’U.R.S.S. en 1961, le dernier bastion du modèle stalinien de développement. Le sous-ensemble asiatique comprenait la république populaire de Chine, les républiques démocratiques populaires de Corée et du Laos, la république populaire de Mongolie et la république socialiste du Vietnam.

Historiquement, ces pays sont devenus socialistes à des dates différentes et, dans tous les cas, à la suite de révolutions et/ou de guerres, c’est-à-dire d’une rupture violente avec leur passé, conduisant à l’établissement graduel ou immédiat du communisme et du système socialiste d’économie. Ils n’ont pas tous abandonné le socialisme. Alors que la transition vers la démocratie et l’économie de marché était en voie de réalisation dans les pays ex-socialistes européens, par des voies pacifiques ou à travers de graves conflits nationaux internes comme en Yougoslavie et dans l’ex-U.R.S.S., les pays asiatiques demeuraient dans leur majorité encore politiquement attachés au socialisme au début des années quatre-vingt-dix, même si du point de vue économique le passage au marché était en cours. Cuba est le dernier cas du modèle socialiste autrefois désigné «de type soviétique» (tabl. 1).

Du point de vue de leur stade de développement, les pays socialistes se divisaient en deux groupes. Le premier comprenait les économies que l’on pouvait tenir pour relativement «développées», le critère en la matière étant la part de l’industrie dans le revenu national et la population active; il englobait la plupart des pays socialistes européens, à l’exception de l’Albanie, et avec des réserves pour des pays tels que la Roumanie, la Bulgarie ou la Yougoslavie. Le second comprenait les pays non européens, considérés comme des économies en voie de développement. En fait, le critère «systémique» occultait le critère du développement: dans les classifications internationales des Nations unies, seule la Yougoslavie appartenait en Europe au groupe des «économies de marché en développement» (Cuba, en Amérique, connaissait un classement similaire, non sans paradoxe quant à la qualification de «marché»). Les pays socialistes asiatiques, tout comme l’U.R.S.S. et les autres pays socialistes européens, étaient définis comme «pays à économie centralement planifiée», sans autre spécification. On peut dire aujourd’hui que, si les pays socialistes non européens relevaient incontestablement du Tiers Monde, les pays socialistes européens ont révélé après l’effondrement du communisme un état de développement retardé et déformé, même pour ceux d’entre eux qui semblaient les plus avancés à l’intérieur du système socialiste.

Du point de vue du modèle économique de socialisme, les deux plus grands États socialistes ont offert historiquement deux images différentes, voire opposées. Le modèle soviétique imposé dans sa variante stalinienne aux pays de l’Est après la Seconde Guerre mondiale a été suivi par ces pays, avec des divergences croissantes à partir du démarrage des réformes économiques dans les années soixante; la Mongolie a adapté ce même modèle selon une perspective quasi coloniale. Le modèle chinois, quant à lui, n’a été reproduit que par l’Albanie, entre 1961 et 1977, ce dernier pays rejoignant ensuite la tradition stalinienne abandonnée partout ailleurs. Les autres pays socialistes ont suivi des voies spécifiques. La Corée du Nord a développé une version nationaliste et dictatoriale de socialisme personnalisé par une dynastie familiale. La Yougoslavie de Tito a adopté un modèle unique d’économie fondée sur la «propriété sociale» et l’autogestion. Cuba, d’une part, le Vietnam puis le Laos, de l’autre, ont cherché à concilier le schéma traditionnel du mécanisme économique centralement planifié et les exigences du développement, dans un contexte de forte dépendance par rapport à l’aide soviétique.

En ce qui concerne leurs relations économiques extérieures, la majorité des pays socialistes étaient regroupés au sein du Comecon, qui comprenait les pays socialistes européens – à l’exception de l’Albanie (membre jusqu’en 1961) et de la Yougoslavie – ainsi que la Mongolie, Cuba et le Vietnam. Évoluant depuis 1971 vers l’intégration, cette organisation n’a pas survécu au communisme, et sa dissolution a été décidée en 1990.

1. Les fondements du système socialiste d’économie

Le système socialiste d’économie s’appuie sur le rôle dirigeant du parti, sur le rôle dominant de la propriété publique des moyens de production et sur la planification comme mécanisme de coordination.

Le rôle dirigeant du parti

Dans tous les États socialistes, l’économie a été dirigée par le parti dominant dès l’installation des communistes au pouvoir, que le parti se dénomme effectivement «communiste» ou non, qu’il soit formellement unique ou qu’il constitue l’élément moteur d’une «alliance» ou d’un «front» de partis socialistes. Il a rarement assuré la direction immédiate des activités économiques par son propre appareil (sauf en Corée du Nord ou bien conjointement, avec un appareil économique doublant l’appareil de l’État, dans les autres pays socialistes d’Asie, en Roumanie et, occasionnellement, en U.R.S.S. avant 1965). Néanmoins, dans tous les cas, le parti a toujours exercé une autorité de dernier ressort sur le développement économique. Au niveau macro-économique, ce sont les organes dirigeants du parti qui ont fixé les orientations de la politique économique, décidé des réformes, statué avant les organes de l’État sur les plans (quinquennaux et annuels) ou sur le budget de l’État. À l’échelon des entreprises, des exploitations agricoles et, en général, de toutes les unités économiques de base, la cellule du parti contrôlait la conformité des décisions gestionnaires aux directives politiques. L’institution de la nomenklatura permettait au parti d’avoir un droit de regard officiel sur toutes les nominations importantes, en particulier aux postes de direction, de l’activité économique (cadres supérieurs de l’industrie, de l’administration économique, responsables économiques à tous les niveaux territoriaux). En U.R.S.S., ces postes étaient énumérés sur des listes (d’où l’expression de «nomenclature») et ne pouvaient être pourvus qu’avec l’aval de l’échelon compétent dans la hiérarchie du parti; par extension, le mot de nomenklatura a servi à désigner tous les cadres ainsi nommés, détenteurs de privilèges économiques (accès à un niveau de consommation plus élevé) parallèlement à leurs pouvoirs politiques. Enfin, le parti assurait l’arbitrage de dernier ressort dans les conflits économiques (entre entreprises, entre administration et entreprises, entre pouvoirs locaux), qui permettait souvent de débloquer des rigidités administratives.

Encadrée par le parti, l’administration économique spécialisée était à la fois centralisée et bureaucratique. Le modèle soviétique, initialement suivi partout, comprenait un grand nombre de ministères et d’administrations centrales à caractère économique, soit de nature fonctionnelle (administrations du plan, des prix, des finances, du travail, de l’approvisionnement), soit de caractère sectoriel (ministères de «branches» industrielles, de l’Agriculture, des Transports, du Commerce extérieur et intérieur). Les ministères sectoriels avaient pour tâche la direction immédiate d’entreprises et pouvaient intervenir quotidiennement dans leur gestion (le vocabulaire consacré en U.R.S.S. parlait de «tutelle mesquine»). Les pays de l’Est européens avaient suivi l’U.R.S.S., dans les années soixante, et tenté de déconcentrer un peu l’administration économique; en U.R.S.S., ce fut, entre 1959 et 1964, la réforme des sovnarkhoz (administrations économiques territoriales), dont l’effet fut seulement de substituer l’esprit de clocher à la tutelle mesquine. Dans tous ces pays, on en est revenu à une administration économique centralisée, avec toutefois, en Europe de l’Est, un mouvement vers la réduction du nombre des ministères et une tendance peu suivie d’effets à la diminution de leurs pouvoirs d’intervention dans la vie des entreprises. En Chine, dans le cadre des provinces, les pouvoirs locaux ont en revanche disposé de compétences étendues, occasionnellement réduites lors de périodes de recentralisation dans les années soixante et soixante-dix. Enfin, en Yougoslavie, l’application du principe d’autogestion s’est accompagnée d’une large décentralisation du pouvoir économique, lui-même réduit à sa dimension fonctionnelle en l’absence d’une administration par branches.

Le système socialiste fait des travailleurs la force décisive de la société, puisqu’ils sont les propriétaires collectifs des moyens de production. Le Parti communiste tire d’ailleurs sa légitimité du fait qu’il est l’«avant-garde de la classe ouvrière». L’autogestion n’est cependant devenue un principe dominant du système politique et économique qu’en Yougoslavie. Ailleurs, la notion de propriété socialiste n’a débouché que sur des modalités formelles de participation à la gestion, appuyées sur les organisations représentatives des travailleurs, c’est-à-dire sur les syndicats officiels. Les syndicats, traditionnellement considérés comme des courroies de transmission des orientations du parti, regroupaient effectivement la très grande majorité des ouvriers et employés, avec un taux de syndicalisation allant de 90 à 98 p. 100. Mais leurs fonctions étaient en fait beaucoup plus sociales (protection du droit au travail, gestion de la sécurité sociale) qu’économiques. Les travailleurs revendiquaient d’ailleurs peu une véritable participation à la gestion, qui eût été de toute façon illusoire compte tenu du faible degré d’autonomie revenant à la direction des entreprises. Dans les périodes de crise politique (Hongrie et Pologne en 1956, Tchécoslovaquie en 1968, Pologne en 1980-1981), on a assisté à un développement quasi spontané de conseils ouvriers (et en Pologne, en 1980, à la consolidation d’un véritable syndicat, Solidarité, indépendant du pouvoir) constitués en opposition aux organes syndicaux officiels.

Le droit à l’autogestion n’a été reconnu, en Pologne et en U.R.S.S. notamment, qu’à l’extrême fin du régime communiste, dans les dernières années de la décennie 1981-1990, et n’aura jamais été véritablement exercé. Tout autre fut la situation en Yougoslavie. La constitution de ce pays consacrait en 1963 l’autogestion, proclamée dès 1950 comme la base de l’organisation économique: les travailleurs étaient appelés à gérer directement «la production et la répartition du produit social dans les organisations élémentaires et autres organisations de travail associé, ainsi que dans la reproduction sociale tout entière». Associée au maintien du rôle dirigeant du parti, la Ligue des communistes, l’autogestion yougoslave a toujours buté sur le fait que les travailleurs s’intéressaient par priorité à la répartition des revenus, et beaucoup moins à l’organisation de la production ou à la gestion professionnelle des entreprises et organisations autogérées. L’autogestion a été étendue aux fonctions sociales par les réformes constitutionnelles de 1974 et la loi sur le «travail associé» de 1976, qui ont institué des «communautés d’intérêts autogestionnaires» entre les usagers et les prestataires de services publics et sociaux. La combinaison de l’«égoïsme d’entreprise», généré par l’autogestion, et de la montée de particularismes nationaux, engendrés par la coexistence de six républiques fédérées à niveaux de développement inégaux, a préparé l’éclatement, confirmé en 1991, du système yougoslave.

Les économies socialistes non européennes ont usé d’autres moyens pour la mobilisation des travailleurs. En Chine, après les excès de la révolution culturelle (commencée en 1966, terminée avec la mort de Mao, en 1976), le pouvoir a entamé, à partir de 1978, d’abord dans l’agriculture puis dans l’industrie, une politique fondée sur le «système de responsabilité» consistant en fait à combiner la mobilisation autoritaire des masses et les stimulants matériels. Au Vietnam, en Corée, à Cuba, un modèle d’économie militarisée a dominé. Ce modèle imposé par la guerre au Vietnam n’a été assoupli qu’avec la politique de «rénovation» (doi moi ) décidée en 1985. La Corée du Nord a fondé son développement sur l’esprit d’indépendance nationale combattante (dit esprit de djoutché ) défini par le chef du parti et de l’État, Kim-Il-Sung. À Cuba, la militarisation de l’économie a été justifiée par l’encerclement capitaliste du pays et par une stratégie de développement axée sur la production et l’exportation de sucre; la fin du soutien fourni au pays par l’U.R.S.S. et les pays d’Europe de l’Est, après 1989, et la débâcle économique consécutive ont encore renforcé cette mobilisation partisane.

La propriété collective des moyens de production

Les pays socialistes ont institué la propriété collective des moyens de production, en pratique par nationalisation du capital privé et transfert à l’État des biens confisqués à leurs propriétaires (la Yougoslavie constituant un cas unique, où la propriété socialiste a pris la forme de propriété «sociale» de tout le peuple, et non de l’État). Une différence formelle a distingué des autres le secteur agricole: la socialisation y a pris le visage de la collectivisation, par formation forcée de coopératives agricoles. En U.R.S.S., celle-ci a été réalisée par la terreur, entre 1928 et 1936, et a abouti à la constitution de kolkhoz comme forme principale d’exploitation, complétée par les fermes d’État ou sovkhoz . Imposée en Europe de l’Est, la collectivisation a été plus modérée dans ses méthodes et a laissé subsister un secteur agricole privé plus ou moins étendu. Deux pays, la Yougoslavie et la Pologne, ont renoncé à la collectivisation après l’avoir mise en place, le premier dès 1953, le second après les mouvements sociaux de 1956, et dans les deux cas la propriété privée agricole s’est maintenue au niveau de plus de 80 p. 100 des superficies cultivées.

Le secteur privé restreint (petites entreprises d’artisanat et de commerce) a subsisté dans certains pays socialistes en dehors de l’agriculture.

La propriété d’État s’est accompagnée d’une forte concentration industrielle. Les entreprises d’État ont été regroupées en très grands monopoles, plus faciles à contrôler par l’administration économique, et ces «unions économiques» sont devenues des entités autosuffisantes à structures bureaucratiques.

Observons enfin que dans tous les pays socialistes s’est développée, en marge et à l’intérieur du secteur d’État, une économie «parallèle»: semi-légale ou illégale, fondée sur la corruption et le détournement des biens d’État à des fins privées, elle impliquait souvent une collusion entre la «mafia» et la nomenklatura du parti, recréant un secteur privé par exploitation du secteur public.

La planification

La planification centrale est souvent considérée comme le principal critère d’une économie socialiste, notamment lorsqu’on désigne ce type de système comme une «économie centralement planifiée». En ce sens, la planification apparaît comme un mécanisme de coordination opposé au marché. On peut en effet la définir, en théorie, comme un ensemble de techniques de prévision d’une série d’actions économiques tendant à atteindre des objectifs déterminés, avec la plus grande cohérence possible et l’efficacité maximale.

Le plan a pour objectif de coordonner la totalité des activités économiques sous l’autorité des décideurs politiques (parti, administration de l’État) et de façon obligatoire: aussi est-il défini dans des lois et des règlements d’application contraignants; son exécution est sanctionnée par des peines ou des récompenses d’ordre économique (incitations à la bonne exécution du plan, sanctions financières pour sa non-exécution), mais qui à l’origine relevaient de la législation pénale. L’élaboration des plans macro-économiques a fait appel à des techniques dont la plus connue, développée en U.R.S.S. à l’époque stalinienne au moment du lancement des premiers plans quinquennaux (à partir de 1928), fut la méthodes dite des «balances matières». Les balances étaient des tableaux de ressources-emplois mettant en regard les ressources attendues, en fonction des capacités de production et d’importation, d’un bien ou d’un groupe de biens donnés, et les utilisations de ces ressources (tabl. 2). La principale difficulté de la planification aura été de découvrir des indicateurs de performance exprimant les objectifs à atteindre et pouvant être vérifiés par les autorités de contrôle. Les principaux indicateurs du plan ont toujours été des indices en quantités physiques ou en valeur globale, que les unités économiques ont cherché à contourner ou à truquer pour exécuter plus facilement les objectifs assignés. À mesure que l’économie des pays socialistes est devenue plus complexe, le nombre des produits planifiés a eu tendance à croître, rendant de plus en plus difficile le contrôle de l’exécution du plan. La recherche de l’efficacité dans la planification était particulièrement cruciale s’agissant des investissements. En l’absence de marché, la recherche de l’investissement le plus efficace, entre deux utilisations alternatives des mêmes ressources, a suscité des solutions fondées sur des taux d’intérêt fictifs et des prix fictifs du capital.

Se référant principalement à des grandeurs physiques (poids, capacité, longueur, surface, etc.), la planification a minimisé le recours aux catégories monétaires. Dans les économies centralement planifiées, la monnaie a été utilisée essentiellement comme numéraire, pour traduire dans une unité commune les grandeurs physiques du plan. Mise en circulation par une banque centrale, unique centre bancaire du pays, la monnaie n’a joué aucun rôle actif dans l’économie. De ce fait, les données monétaires et financières de l’activité économique n’avaient, dans le système traditionnel de planification, qu’une signification formelle.

2. Les résultats économiques

Qu’il s’agisse de la Russie en 1917, de la Mongolie en 1920, de la majorité des démocraties européennes et asiatiques après la Seconde Guerre mondiale, de Cuba en 1959, le régime communiste s’est installé dans des pays industriellement sous-développés, dotés d’une agriculture à faibles rendements, peu pourvus en matières premières (Europe de l’Est) ou .disposant de ressources naturelles insuffisamment mises en valeur (U.R.S.S.), avec une main-d’œuvre d’origine essentiellement rurale, sous-employée et peu qualifiée.

Comment le décollage de ces pays s’est-il opéré? Selon une opinion répandue, le modèle socialiste de développement a permis un démarrage incontestable de l’industrialisation, quoique avec des coûts économiques et humains élevés; il a fait sortir les populations de la famine et de la misère, et leur a assuré un niveau de vie médiocre mais égalitaire.

De fait, le modèle soviétique d’industrialisation imposé en U.R.S.S., à partir de 1928, avec le lancement du premier plan quinquennal a été appliqué par la suite dans les autres pays socialistes. Il a sans doute assuré aux moins développés l’impulsion initiale en matière de croissance. Lorsque le communisme s’est implanté dans des pays déjà industriellement développés, le modèle soviétique a eu, en revanche, des effets très dommageables à long terme; ces derniers n’ont pu être véritablement mesurés qu’au moment où ces pays ont amorcé la transition vers le marché.

Le modèle soviétique, qui se référait à la théorie de la reproduction élargie incomplètement formulée par Marx et revue par Lénine et Staline, s’est traduit en quelques propositions simples: assurer un développement prioritaire des moyens de production , en concentrant les investissements au premier chef sur l’industrie lourde; dégager les ressources nécessaires par la socialisation forcée de l’agriculture et par un transfert vers l’industrie des surplus obtenus dans ce secteur, y compris le déplacement autoritaire de la main-d’œuvre vers les centres urbains; appliquer un mode de croissance extensif , par la mise en valeur de ressources jusqu’alors inexploitées, la construction de nouvelles usines, l’engagement dans la production de travailleurs nouveaux amenés de la campagne et formés sur le tas.

La stratégie de croissance issue de ce modèle s’est appuyée sur des priorités déterminées: celle de l’investissement, au détriment de la consommation; celle de l’industrie, au détriment des autres branches productives; celle du secteur «productif» dans son ensemble, au détriment des activités dites non productives. Elle a admis des variantes selon les pays et s’est infléchie dans le temps, sans pouvoir contrecarrer une décélération irréversible de la croissance.

Les variantes

Europe de l’Est: le modèle soviétique d’industrialisation

En Europe de l’Est, certaines démocraties populaires étaient déjà relativement industrialisées au moment du passage au communisme. En Tchécoslovaquie et en Allemagne orientale (devenue R.D.A. en 1949), la population active occupée dans l’industrie représentait près de 40 p. 100 de l’emploi total de 1948-1949, contre une proportion de 10 à 20 p. 100 dans les autres démocraties populaires européennes.

Les tableaux 3 et 4 retracent les évolutions correspondantes. On y voit d’abord comment le partage du revenu national entre consommation et investissement a donné a celui-ci une part croissante du produit matériel net, à partir de niveaux remarquablement faibles en 1950, surtout, précisément, en R.D.A. et en Tchécoslovaquie. Le point culminant, en ce qui concerne le rapport entre accumulation (investissement net et variations de stocks) et revenu national, a été atteint en 1975. Par la suite, le déclin de l’investissement – en valeur relative puis, après 1980, en valeur absolue – a été dû moins au souci de privilégier la consommation qu’aux contraintes limitant la formation de capital nouveau, du fait en particulier de la montée de l’endettement en devises.

L’investissement a été initialement dirigé vers le secteur productif , et c’est également vers le milieu des années soixante que s’est opérée une réorientation vers les branches «non productives» (services courants à la population, infrastructures du système d’éducation, de santé, de loisirs). La Roumanie est allée à contresens de cette évolution: le secteur non productif y a tenu une place très faible et toujours décroissante dans la répartition de l’investissement. En 1985, encore, le secteur réputé improductif absorbait généralement moins du cinquième de la population active (le huitième en Roumanie), alors que, dans les pays développés à économie de marché, sa part était comprise entre 50 et 60 p 100 (près de 70 p. 100 aux États-Unis).

C’est vers l’industrie , et tout particulièrement vers l’industrie lourde, qu’a été orientée la croissance. La contribution de ce secteur au revenu national a continué encore à croître dans les deux pays les plus industrialisés, de même qu’en Bulgarie, alors que, depuis 1975, elle a légèrement diminué en Hongrie et en Roumanie, et fortement en Pologne. L’industrie a employé partout les grandes masses de la population active (tabl. 4). Ce fut le résultat d’un transfert volontariste de la force de travail agricole vers ce secteur, dans les années cinquante. L’agriculture était encore en 1960 un secteur dominant dans la plupart des pays est-européens, à l’exception de la R.D.A. et de la Tchécoslovaquie, tant du point de vue de l’emploi (entre 30 et 50 p. 100) que de sa contribution au revenu national (entre 25 et 40 p. 100).

Dans une phase initiale, jusque vers la fin des années cinquante, les politiques industrielles ont eu pour objet de constituer une industrie lourde, appuyée sur le développement accéléré de la sidérurgie et des constructions mécaniques. La R.D.A. fut la première à s’orienter, au début des années soixante, vers une croissance «intensive» réalisée non plus grâce à une injection massive d’investissements et de main-d’œuvre, mais par des gains de productivité et une priorité donnée aux branches «modernes», porteuses de progrès techniques – électronique, machines électriques, moyens d’automatisation. Ce mouvement d’intensification se généralisa en même temps que se développaient les réformes économiques, tendant à un assouplissement de la planification centrale accompagné d’un intéressement des entreprises à leurs résultats. Il fut puissamment soutenu, au début des années soixante-dix, par l’expansion sans précédent du commerce Est-Ouest. Les nombreuses usines importées clés en main par tous les pays de l’Est (surtout dans les branches chimiques et mécaniques) devaient, selon la stratégie décidée en Europe de l’Est, générer des produits d’exportation dont la recette servirait à rembourser les dettes contractées auprès des firmes et des banques occidentales. La crise mondiale ne permit pas de réaliser la phase finale de ce programme et provoqua une crise d’endettement au début des années quatre-vingt.

La relance de la politique d’intensification (dénommée, en U.R.S.S., «accélération» par Mikhaïl Gorbatchev après son arrivée au pouvoir) dans la seconde moitié des années quatre-vingt s’est heurtée à plusieurs problèmes.

D’abord, les nouveaux secteurs prioritaires n’ont pas évincé les autres pour autant. La recherche d’une plus grande autosuffisance énergétique depuis le premier choc pétrolier a conduit les pays d’Europe de l’Est – en l’absence d’une politique efficace d’économies d’énergie – à développer le charbon: il en est résulté des coûts élevés et une détérioration grave de l’environnement, surtout en Pologne, en Tchécoslovaquie et en R.D.A. (dans ce dernier pays, l’accent mis sur le lignite, encore plus polluant, a provoqué des dégâts considérables). Par ailleurs, les branches lourdes – sidérurgie, constructions mécaniques classiques – demeurèrent soutenues, en U.R.S.S. et en Europe de l’Est, par des lobbies politiques du complexe militaro-industriel, résistant à tout démantèlement.

Ensuite, la recherche de débouchés sur les marchés occidentaux a conduit à accroître la production de biens dont la fabrication était déjà très assimilée – biens intermédiaires tels que produits chimiques, sidérurgiques, textiles, machines et biens de consommation industriels de bas de gamme. C’était, pour les pays de l’Est, s’exposer à la forte concurrence des pays en voie de développement, et cela dans des secteurs qui ne sont pas porteurs de modernisation. Dans le cas de l’U.R.S.S., la possibilité d’exporter vers l’Ouest du pétrole à prix internationaux élevés jusqu’en 1986 a joué dans le même sens, retardant l’urgence d’une restructuration industrielle.

En outre, au contraire de la multinationalisation à l’œuvre dans les économies européennes de marché, les pays d’Europe de l’Est n’ont jamais réussi à développer une coopération et un commerce intrafirme, ni à coordonner leurs politiques nationales de modernisation industrielle. Un programme intégré de progrès scientifique et technique, signé en décembre 1985 dans le cadre du Comecon, prévoyait le développement prioritaire de secteurs tels que l’énergie nucléaire, l’automatisation et la robotique, l’informatique, les biotechnologies et les nouveaux matériaux. Mais l’absence de véritables liaisons entre les entreprises des différents pays a rendu inopérant ce programme conçu comme une sorte d’Eurêka, à l’image de la coopération scientifique à l’intérieur de la C.E.E.

Enfin, les politiques industrielles n’ont jamais disposé d’un environnement propice à la modernisation. Les liaisons entre l’innovation et son application industrielle sont toujours restées faibles et bureaucratiques.

Pays socialistes non européens: des évolutions spécifiques

Les pays socialistes d’Asie et Cuba sont également partis de la stratégie soviétique. La Mongolie et la Corée du Nord lui sont restées fidèles. La première, totalement dépendante de l’U.R.S.S. pour ses relations extérieures, n’avait pas d’autre choix. La seconde a ajouté au modèle une note nationale, en symbolisant l’industrialisation par la course du légendaire cheval ailé Tcheullima. Au Vietnam, la stratégie a été adaptée aux nécessités de la guerre et de la reconstruction, l’occupation du Cambodge venant, après 1979, relayer l’effort de guerre nationale; le pays a dû associer un objectif d’autosuffisance agricole à celui de maintenir une économie militarisée.

En Chine, le mode de développement de type soviétique fut abandonné en 1960, après la crise des relations sino-soviétiques, le départ des experts et la suppression de l’aide de l’U.R.S.S. Il avait d’ailleurs déjà été infléchi dès 1958, avec le début du «grand bond en avant». Selon cette stratégie, la production agricole devait continuer à croître, et même beaucoup plus rapidement qu’au cours de la période de démarrage (de 25 p. 100 par an, au lieu de 14 p. 100 entre 1953 et 1958), mais selon un schéma dualiste: achèvement des grands travaux par des techniques modernes, mais création de nouveaux emplois industriels uniquement par de petites entreprises localisées dans les campagnes, à faible intensité de capital et forte intensité de main-d’œuvre. La révolution culturelle a lancé en 1966 le slogan «prendre l’agriculture comme base et l’industrie comme facteur dominant», fixant un taux plus réaliste quoique élevé de croissance industrielle (15 p. 100 par an) et visant à stabiliser l’exode rural vers les villes. À la période incertaine postérieure à la révolution culturelle et à la mort de Mao a succédé une politique nouvelle à partir de 1977-1978, fondée sur la modernisation des grands secteurs économiques et sur l’ouverture à l’extérieur par l’admission d’investissements étrangers.

Cuba avait lancé en 1959 un programme de diversification agricole mettant fin à la quasi-monoculture du sucre, et d’industrialisation équilibrée, sans priorité à l’industrie lourde. Ce programme a été abandonné pour des raisons externes (blocus économique par les États-Unis à partir de 1960) et internes. Il fut remplacé en 1963 par un modèle unique fondé sur une priorité absolue à l’expansion de la production sucrière, dont dépendait l’essor des autres secteurs (mise en valeur de richesses minérales comme le nickel et le cobalt, production d’agrumes, plus tard développement du tourisme) et l’exploitation des avantages de la coopération avec les pays socialistes. Les accords sucriers passés avec ces derniers et tout particulièrement avec l’U.R.S.S., renouvelés depuis 1964, garantissaient à Cuba un prix d’achat bien supérieur au prix mondial tout en lui laissant la latitude de vendre en devises sur le marché mondial. En même temps, les pays socialistes s’engageaient à approvisionner Cuba en équipements, en biens de consommation et, dans le cas de l’U.R.S.S., à assurer un approvisionnement pétrolier, à des prix très inférieurs aux cours mondiaux. L’effondrement du Comecon en 1990 et la perte des approvisionnements en provenance d’U.R.S.S et d’Europe de l’Est ont plongé Cuba dans une crise profonde, obligeant le gouvernement à rationner toutes les consommations de base.

Le bilan de la croissance

Le modèle «stalinien» de croissance extensive fut remis en cause en Europe de l’Est dans les années soixante-dix, à la suite du ralentissement de la croissance économique. Le tableau 5 retrace les taux de croissance du produit matériel net depuis 1950. On observe une tendance identique pour tous les pays. La croissance a connu une décélération régulière, avec pour la plupart des pays un rebond en 1966-1970, à la suite de la première vague de réformes. Comme on l’a vu, le tournant vers l’intensification pris dans les années soixante-dix n’a pas réussi à contrecarrer cette évolution. Bien au contraire, la tendance à la décélération, voire à la baisse du produit matériel net, s’est accentuée dans les années qui ont immédiatement précédé l’effondrement du régime communiste.

La décélération et même une croissance négative comme en Pologne dans les années quatre-vingt étaient-elles dues à la crise économique postérieure au premier choc pétrolier ou à des dysfonctionnements internes? Certes, les répercussions de la crise ont été sensibles sur les pays socialistes européens, à travers le déficit de la balance commerciale avec l’Ouest et la montée de l’endettement extérieur. L’U.R.S.S., en revanche, a bénéficié jusqu’en 1986 de la hausse du prix mondial du pétrole, et en a fait indirectement profiter ses partenaires est-européens en leur fournissant du pétrole et du gaz à des prix beaucoup plus favorables que s’ils avaient dû s’approvisionner sur le marché mondial.

Les pays d’Europe de l’Est ont été épargnés par le chômage et l’inflation qui ont frappé les sociétés occidentales après 1973. Le chômage n’y existait pas sous la forme qu’il revêt en économie de marché. On y trouvait, certes, un «suremploi» dans les entreprises du secteur socialisé, que l’on pourrait assimiler à un chômage caché, mais qui n’était pas lié à un phénomène de crise, puisqu’il s’agissait d’une caractéristique structurelle. En économie centralement planifiée, les entreprises maintiennent une main-d’œuvre abondante parce que, selon les termes de l’économiste hongrois Janos Kornal, elles ne sont pas soumises à une contrainte budgétaire «dure». Si elles ont trop de main-d’œuvre, si leurs indicateurs financiers se détériorent, elles ne sont pas pour autant menacées de disparition. En revanche, l’exécution du plan en nature est un impératif, et, pour cette raison, il est utile de conserver un volant de main-d’œuvre excédentaire; ce dernier permettra de même de répondre aux aléas quotidiens: les pièces livrées par les fournisseurs ne sont pas adéquates, et on doit les réusiner (on ne peut changer de fournisseur, car il est attribué par le plan, ou alors il n’en existe pas d’autre du fait de la forte concentration industrielle), il faut réparer les machines, aider en période de récoltes les exploitations agricoles, etc.; tout cela exige des bras irrégulièrement utilisés mais toujours présents dans l’entreprise.

Quant à la hausse des prix, elle s’est produite en Europe de l’Est dès le milieu des années soixante-dix. Ce n’était pas le résultat automatique d’une inflation extérieure importée puisque les prix internes, en économie planifiée, ne sont pas liés aux prix externes ou ne le sont que partiellement. Il s’agissait alors d’une politique voulue de vérité des prix, par diminution des subventions aux produits alimentaires et incorporation dans les prix industriels de coûts de production croissants pour les biens intermédiaires importés. La hausse des prix a été la plus forte en Pologne (atteignant jusqu’à 101 p. 100 en un an, en 1982, à la suite d’une augmentation très brutale des prix alimentaires, après l’entrée en vigueur de la loi sur l’«état de guerre» en décembre 1981) et en Hongrie (avec des taux comparables à ceux des pays occidentaux, entre 5 et 9 p. 100 par an sur la décennie 1976-1986). Ailleurs, elle a été soit épisodique (en Bulgarie, en Roumanie, en Tchécoslovaquie), soit officiellement nulle (en R.D.A. et en U.R.S.S., où cependant les biens industriels de consommation de qualité supérieure, non inclus dans l’indice des prix, ont augmenté sensiblement).

Les ralentissements de croissance observés depuis 1970 et leurs manifestations d’accompagnement ne peuvent donc s’expliquer comme une récession classique. Ils ont été dus essentiellement à des dysfonctionnements internes de caractère systémique, reflétés au tableau 6. On y voit que les taux de croissance de la productivité du travail fléchissent sensiblement depuis 1976 et, surtout, que l’efficacité du capital investi a diminué pour tous les pays de la zone. Cette situation s’explique par des structures de production vieilles et plus encore par un épuisement des facteurs de hausse de la productivité, lui-même imputable à l’impuissance du système à se réformer.

Croissance socialiste et niveau de vie

Le modèle de développement socialiste a permis à des pays industriellement arriérés, ou commençant à peine à s’industrialiser, de construire une grande industrie avec des coûts économiques et des sacrifices humains élevés. Il a généré une structure industrielle figée correspondant aux priorités de la révolution industrielle et a bloqué la modernisation de pays intermédiaires dans le cas de l’Europe de l’Est. A-t-il, comme le programme du Parti communiste soviétique le promettait, assuré l’amélioration du niveau de vie du peuple, préparant l’abondance «à chacun selon ses besoins» une fois le communisme intégral réalisé?

L’influence politique du socialisme dans le Tiers Monde a certainement reposé sur cette promesse et sur le fait que, en U.R.S.S. puis en Chine, le régime communiste a pu mettre en évidence que la misère avait été vaincue et qu’un niveau de consommation minimal avait été assuré de façon égalitaire. Encore ces résultats n’ont-il pas été obtenus sans sacrifices et sans violences: ainsi la famine soviétique des années 1932 et 1933, due aux excès, eux-mêmes coûteux en vies humaines, de la collectivisation.

Le développement du socialisme est allé de pair, en U.R.S.S. et en Europe de l’Est, avec la mise en place de structures dirigistes de consommation, privilégiant la satisfaction de besoins élémentaires (la nourriture, le logement, des services de base comme la santé ou l’éducation) à faibles coûts pour les consommateurs, d’où une pénurie chronique de ces biens et services. La consommation de biens dits de luxe a été découragée (notamment celle d’automobiles privées). La consommation individuelle a également souffert du fait que l’industrie légère a toujours conservé une place non prioritaire par rapport à l’industrie lourde.

La qualité médiocre des consommations individuelles et collectives pour la grande masse de la population s’est accompagnée d’une différenciation favorisant les cadres moyens et supérieurs du parti et des institutions étatiques; ceux-ci ont pu avoir accès à des circuits de distribution spéciaux et bénéficier de meilleurs services à moindre prix. La corruption engendrée par les pénuries et par les privilèges du pouvoir, ainsi que par l’existence d’une propriété d’État généralisée dont la dilapidation ne suscitait aucune réprobation sociale, a donné naissance à une économie parallèle procurant à une minorité un niveau beaucoup plus élevé de consommation.

Les sociétés socialistes se sont caractérisées par une grande sécurité matérielle. La garantie de fait de l’emploi, la gratuité de l’éducation et de la santé, la quasi-gratuité du logement et des transports collectifs, le système de retraites étaient cependant de moins en moins perçus socialement comme un acquis du régime à cause de la médiocrité des revenus et des consommations correspondantes, par comparaison avec le niveau de vie apparent des sociétés capitalistes. En outre, dans tous les pays socialistes européens, la population disposait d’une épargne en grande partie involontaire, de par la combinaison d’une offre faible et peu diversifiée, et de prix subventionnés. Ces disponibilités non désirées augmentaient encore les frustrations des consommateurs, nourrissant l’image d’une société idéalisée où il serait possible de consommer comme en système capitaliste avec la sécurité matérielle et le travail à bas régime existant en système socialiste.

3. Les mécanismes de fonctionnement

Les premières réformes du système stalinien de planification et de gestion sont intervenues en Europe de l’Est au cours de la décennie 1960-1970. Leur dernière version fut la perestroïka soviétique. Leur échec, consacré par l’effondrement du système socialiste, a montré l’inapplicabilité pratique de mécanismes tendant à combiner les mécanismes du plan et ceux du marché. La démonstration n’est cependant pas aussi claire pour les économies non européennes.

U.R.S.S. et Europe de l’Est

Jusque vers 1965, l’exécution du plan était imposée aux entreprises sous forme d’ordres directs (ou «indices», quelquefois aussi appelés «indicateurs») relatifs aux objectifs à atteindre (production) et aux moyens à mettre en œuvre (utilisation de ressources matérielles et humaines). Un ensemble de réformes, commencées en 1963 en R.D.A. et achevées avec le lancement du «nouveau mécanisme économique» en Hongrie, en 1968, a remplacé les ordres directs par des incitations matérielles poussant les entreprises à exécuter le plan parce qu’elles pourraient en retirer un profit. Le seul pays à rester en dehors de ce mouvement fut l’Albanie. En Yougoslavie, ce tournant a associé un renforcement de l’autogestion au développement du marché.

La planification centrale devait, selon ce schéma, se limiter à la définition d’une stratégie à long terme et à la surveillance d’indicateurs macro-économiques: fixation des taux de croissance de la production, globalement et par branches; choix des proportions entre l’investissement et la consommation; politique industrielle et régionale. La planification quinquennale serait valorisée par rapport à la planification annuelle. L’entreprise ne serait plus écrasée sous des tâches multiples et contradictoires, elle aurait intérêt à proposer d’elle-même un plan exigeant.

Ce schéma n’a pu fonctionner nulle part, même en Hongrie où, pourtant, la planification impérative au niveau de l’entreprise avait été en principe supprimée par la réforme de 1968. Les conditions de la mise en œuvre efficace d’un tel mécanisme étaient au nombre de deux: l’autonomie effective de l’entreprise et la possibilité pour une entreprise bien gérée de compter sur un profit «normal». Aucune de ces conditions n’a été remplie.

L’entreprise est demeurée soumise à ses autorités de tutelle (ministères économiques ou administrations centrales) et aux directives du parti. Même lorsqu’elle était formellement indépendante, comme en Hongrie, les directives centrales lui étaient transmises par des voies informelles et néanmoins contraignantes, transformant la planification impérative en mécanisme de marchandage entre l’autorité et les grandes unités. L’entreprise n’avait pas la maîtrise de ses débouchés, ni de ses approvisionnements que rationnait en fait la répartition administrative des matières premières et de biens d’équipements. La gestion de la main-dœuvre est demeurée contrôlée par des indices déterminant pratiquement le plafond des effectifs.

Quant aux prix, ils devaient, en principe, assurer aux entreprises convenablement gérées un profit normal, mais les réformes n’ont jamais laissé aux entreprises elles-mêmes la liberté de fixer leurs prix: à juste titre, d’ailleurs, car l’absence de concurrence intérieure (due à la monopolisation des activités par de très grandes unités) ou extérieure (due à la coupure entre l’étranger et l’économie domestique) aurait provoqué une hausse des prix sans amélioration de l’offre.

L’incitation à la maximisation des profits est ainsi demeurée lettre morte. De toute façon, l’entreprise n’avait droit qu’à une part limitée de son profit, puisque l’essentiel en était absorbé par le budget de l’État. En revanche, elle était assurée de pouvoir compter sur des subventions budgétaires d’exploitation ou, surtout, d’investissement. Le financement à crédit des investissements, développé dans certains pays de l’Est, ne différait pas en fait d’un financement étatique dans la mesure où la banque centrale, subordonnée à l’État, était la seule source possible de crédit.

L’impossibilité logique d’une réforme a été démontrée par l’économiste Janos Kornal, dont on a évoqué tout à l’heure la thèse de la contrainte budgétaire «molle». Comme il le développe dans Socialisme et économie de la pénurie , les entreprises, en système planifié, sont soumises à une contrainte de ressources, alors que, en économie de marché, elles sont soumises à une contrainte de demande (l’entreprise qui ne s’ajuste pas à la demande disparaît, car elle est soumise à une contrainte budgétaire dure et ne peut fonctionner à perte). Dans un système planifié, même assoupli, l’entreprise doit exécuter, voire dépasser un plan imposé ou négocié. Pour ce faire, elle va présenter une demande d’inputs matériels et humains potentiellement infinie puisque la non-réalisation du plan entraîne bien plus de conséquences fâcheuses que la détérioration des indicateurs financiers de gestion – l’entreprise sera toujours «sauvée», même si elle est dans le rouge. Il en résultera un état de pénurie structurelle et permanente que des réformes pourront atténuer, mais jamais supprimer.

La décennie 1980-1990 s’est ouverte sur des réaménagements reprenant les principes des réformes de la première vague, dont l’échec était ainsi reconnu. Dans ce remodelage du mécanisme économique, une place spéciale doit être faite à la Hongrie. Ce pays a évolué vers une introduction plus radicale du marché, en réduisant les subventions aux entreprises d’État, en alignant les prix internes sur les prix mondiaux, en développant un secteur quasi privé de petites entreprises d’artisanat ou de service données à bail, en fait gérées comme des entreprises privées, et en introduisant à l’intérieur des entreprises d’État des «communautés de travail» représentant des enclaves assimilables à des centres de profit. De même, en Pologne, dès 1987-1988, à mesure que le pays sortait de l’«état de guerre» institué en décembre 1981, les activités quasi privées ont été encouragées sous diverses formes (contrats d’agence ou de bail, sociétés par actions d’économie mixte). Mais les dirigeants communistes hongrois ne sont pas allés jusqu’à prendre le risque social de fermetures d’entreprises, accompagnées de chômage. En Pologne, la réforme a laissé subsister un système ad hoc de subventions et de charges fiscales négociées entre l’État et les entreprises, la variante polonaise du socialisme pouvant être qualifiée d’«économie manipulée».

En U.R.S.S., la perestroïka initiée par Mikhaïl Gorbatchev a repris pour l’essentiel, en ce qui concerne la réforme des entreprises d’État, les mêmes thèmes que les réformes antérieures des années soixante et soixante-dix. Elle a innové en développant un secteur coopératif dans la petite industrie et dans les services, qui donna une impulsion certaine à l’initiative privée mais aussi à la criminalité économique. Elle n’a pas réussi à changer de manière décisive la gestion du secteur agricole. L’introduction du bail, excluant toujours la propriété privée du sol, n’a pas donné confiance aux paysans qui auraient voulu se mettre à leur compte et a néanmoins dressé contre ceux-ci la majorité des kolkhoziens et des sovkhoziens, dans un esprit égalitariste forgé par des décennies de communisme.

Ainsi, à la veille des révolutions des années 1989-1991, le système socialiste d’économie ne parvenait pas à se réformer, et les projets de réforme – socialisme de marché ou marché socialiste – discutés dans les pays alors les plus ouverts à cette idée (U.R.S.S., Hongrie, Pologne et, marginalement, Bulgarie) semblaient tous s’enliser.

Dans les pays à économie planifiée traditionnellement, la situation était contrastée. Les performances économiques étaient meilleures en R.D.A. et en Tchécoslovaquie, avec moins de déséquilibres entre l’offre et la demande et moins de pénuries. Cependant, ces pays se caractérisaient par une obsolescence croissante de leur potentiel économique par comparaison avec l’Ouest, faute de stimulants efficaces à la modernisation. La Roumanie, pour sa part, était revenue à une administration autoritaire de l’économie sous un régime politique de plus en plus dictatorial personnifié par son président, Nicolae Ceau ずescu. Dans les années qui suivirent le rééchelonnement de la dette extérieure roumaine convenu avec les gouvernements et les banques des pays occidentaux en 1982 et 1983, le gouvernement du pays déploya tous ses efforts pour rembourser la dette avant l’échéance; il y réussit en 1990, après avoir imposé à la population une austérité extrême par l’affectation prioritaire de la production à l’exportation, et par une réduction des importations.

Les économies non européennes

Dans les pays d’économie non européennes, le recours aux catégories du marché comme instruments auxiliaires de la planification fut d’abord rejeté, en opposition aux réformes de type soviétique postérieures à 1965 (Chine), ou par conformité au modèle soviétique d’avant 1960 (Cuba, Corée), tandis qu’au Vietnam (et au Laos, officieusement considéré comme socialiste à part entière à partir de 1978) les besoins de la reconstruction justifiaient une planification impérative.

La fin de la décennie 1970-1980 vit s’amorcer un retournement, caractérisé, en Chine et au Vietnam, par la coexistence d’un régime communiste fort et de réformes tolérant l’irruption du marché bien au-delà de ce qui était réalisé en Europe. En Chine, dès la fin des années soixante-dix, l’agriculture a été décollectivisée de fait par la généralisation de baux à long terme, et l’industrie «commercialisée» dans sa gestion pour environ la moitié du produit industriel. Le commerce de détail a été privatisé à hauteur de 20 p. 100 du chiffre d’affaires (en 1989). La politique de stabilisation macro-économique autoritaire introduite en 1988 pour lutter contre l’inflation, la répression brutale du mouvement étudiant et le drame de la place Tiananmen en 1989 n’ont pas affecté l’orientation de la réforme structurelle. Au Vietnam, la politique de rénovation (doi moi ) s’est accompagnée de la reprivatisation d’environ 80 p. 100 des surfaces cultivées et d’une grande partie des services, ainsi que d’une ouverture aux capitaux étrangers, mais non de changements dans le statut et la gestion du secteur d’État.

Si les cas de la Corée du Nord (qui s’est engagée, en décembre 1991, dans un processus de réunification avec le Sud) et de Cuba semblent condamner des systèmes socialistes non réformistes, l’expérience du Vietnam et de la Chine peuvent faire conclure à la viabilité d’un régime communiste traditionnel associé à une politique économique pragmatique, libérant les forces du marché, dans un contexte de sous-développement.

4. Les relations économiques extérieures

La caractéristique dominante des échanges extérieurs, pour la majorité des pays socialistes, aura été la concentration sur le système socialiste lui-même et, par conséquent, une tendance à l’autarcie de «bloc». La seule exception significative fut apportée par la Chine, sortie de l’orbite soviétique lors de la crise sino-soviétique de 1960-1961. Pour six pays, devenus dix en fin de parcours, le cadre de ces relations mutuelles fut le Conseil d’aide économique mutuelle, créé en 1949. Les relations avec les pays du système socialiste représentaient, vers la fin des années quatre-vingt, entre 60 et 75 p. 100 des échanges totaux pour les pays d’Europe de l’Est, 62 p. 100 pour l’U.R.S.S., 40 p. 100 pour la Yougoslavie. Les pays socialistes d’Asie (Chine non comprise) et Cuba consacraient entre 70 et 90 p. 100 de leurs échanges au commerce avec les autres pays socialistes. Les échanges avec l’Ouest et avec les pays du Tiers Monde à économie de marché sont toujours demeurés inférieurs aux échanges avec le groupe socialiste, malgré un démarrage dynamique au cours de la décennie 1966-1975. Stimulées par les besoins de modernisation des pays socialistes, encouragées par la détente, les relations économiques Est-Ouest ont subi, après 1975, les contrecoups négatifs des deux chocs pétroliers (ceux-ci n’ont favorisé que l’U.R.S.S., exportatrice de pétrole) et, par la suite, les effets de la nouvelle guerre froide qu’alimentèrent l’invasion soviétique de l’Afghanistan (1979) et l’instauration de la loi martiale en Pologne (1981).

Les échanges entre pays socialistes, et plus particulièrement à l’intérieur du Comecon, ont ainsi non seulement dominé les échanges extérieurs du noyau dur du bloc socialiste, mais aussi largement influencé l’économie domestique, en alignant ces pays sur un mode de développement à l’origine imposé par l’U.R.S.S., et en les isolant de l’extérieur.

Le Comecon a été créé le 25 janvier 1949, en réponse au lancement du plan Marshall, entre l’U.R.S.S. et cinq pays de l’Est (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie). La même année, l’Albanie rejoignait l’organisation, pour la quitter de fait en 1961. La R.D.A. est devenue membre en 1950, après avoir accédé au statut d’État; l’entrée, en 1962, de la Mongolie, en 1972, de Cuba et, en 1978, du Vietnam ouvrait le Comecon à des membres non européens.

Celui-ci n’a jamais été un marché, encore moins un marché «commun». Les échanges entre pays membres ont toujours été négociés et conduits de façon bilatérale. La similitude des structures nationales de planification et d’organisation du commerce extérieur donnait à ce commerce d’État une grande homogénéité de régulation, qui a commencé à s’altérer dans les années quatre-vingt, lorsque certains pays – Hongrie, Pologne, puis U.R.S.S. – ont progressivement assoupli leur propre système. Le Comecon n’a pas davantage assuré une «coordination des plans» entre ses membres. Certes, c’était là un objectif voulu par l’U.R.S.S., depuis Khrouchtchev jusqu’à Brejnev, mais la résistance passive ou active (dans le cas de la Roumanie, notamment) des pays membres a maintenu cette coordination à un niveau très bas, limité à un petit nombre d’activités ou de branches, comme le nucléaire ou les ordinateurs. La «spécialisation internationale» prévue dans les documents officiels, fondée sur un petit nombre d’accords multilatéraux et sur toute une série d’accords bilatéraux souvent inappliqués, est demeurée bien plus superficielle qu’entre les économies de marché. Chaque pays, voulant se protéger contre les défaillances attendues de ses partenaires, a toujours recherché un maximum d’autosuffisance. Une seule vraie ligne de spécialisation a émergé, entre l’U.R.S.S., d’une part, et ses partenaires est-européens, d’autre part: fourniture d’énergie et de matières premières soviétiques contre livraison de produits manufacturés et agricoles, en provenance de l’Est. Cette spécialisation n’était pas le fait du Comecon par lui-même, elle était le résultat de dotations naturelles et d’une politique soviétique remontant à la période stalinienne: l’U.R.S.S. a imposé, dès les années cinquante, à ses partenaires un type de développement qui les rendait dépendants à la fois de ses fournitures (d’énergie et de matières premières) et de son marché prêt à absorber les produits manufacturés de bas de gamme fabriqués en Europe de l’Est.

Le Comecon, en tant qu’institution, est demeuré chroniquement incapable d’imposer fût-ce l’embryon de politiques communes. Dans les années soixante-dix, le mécanisme des prix et des règlements interne au Comecon a conduit à un transfert non négligeable de ressources au détriment de l’U.R.S.S. Des chercheurs américains, Jan Vanous et Michael Marrese, ont émis à ce sujet l’hypothèse suivante: l’U.R.S.S. «payait» dans l’ordre économique pour assurer sa domination idéologique, politique et militaire. Les chercheurs indépendants de l’Est ont toujours rejeté une telle hypothèse, arguant que le coût, pour l’Est, de l’association forcée à l’U.R.S.S. et d’un mode de développement antiéconomique était bien supérieur à ces prétendus transferts. Le Comecon s’est en fait réduit à quelques règles absurdes mais nécessaires dans leur principe: il fallait bien avoir des prix pour les échanges, une unité de compte pour les régler. On a donc eu recours aux prix du marché mondial «capitaliste», mais en faisant la moyenne de ces prix sur cinq ans, de manière à lisser leurs fluctuations. Cette procédure, répétée tous les ans à partir de 1975, a été définie comme la règle de la «moyenne mobile» et s’est appliquée surtout aux prix des matières premières, les prix des biens industriels étant fixés sur la base de négociations bilatérales. Les règlements étaient effectués en une unité de compte dénommée «rouble transférable», dont le taux de change officiel contre les monnaies occidentales était lié à celui du rouble soviétique. Il n’y avait en fait pas de paiements effectifs entre les pays participants; les échanges étaient compensés, la Banque internationale de coopération économique du Comecon tenant ces comptes.

La décision de mettre fin au Comecon a été prise à sa quarante-cinquième session, en janvier 1990; la dissolution définitive a été déclarée en juin 1991, à la quarante-sixième et dernière session, avec le passage du commerce entre les anciens membres de l’organisation à un régime de droit commun.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Поможем решить контрольную работу

Regardez d'autres dictionnaires:

  • SOCIALISME - Le droit des pays socialistes — À côté de la famille romano germanique et de la famille de la common law , on reconnaît aujourd’hui, de façon générale, qu’il existe une troisième famille de droits dans le monde contemporain, cette famille groupant les droits des pays qui, à… …   Encyclopédie Universelle

  • SOCIALISME - Histoire des mouvements socialistes (1870-1914) — De 1870 à 1914, le mouvement socialiste est, dans son ensemble, «ascendant». Au moment de la guerre franco allemande et de la Commune, il n’existait guère, nulle part, comme force organisée. En 1914, au contraire, il était, du moins dans le monde …   Encyclopédie Universelle

  • Histoire politique des fascismes — Le Fascisme est un courant politique apparu après la Première Guerre mondiale, d abord en Italie, et en Allemagne, puis qui a essaimé dans l ensemble des pays européens. Les mouvements se réclamant de l idéologie fasciste, conglomérat peu… …   Wikipédia en Français

  • Union des républiques socialistes soviétiques — Pour les articles homonymes, voir Soviétique.  Ne doit pas être confondu avec Russie soviétique. Union des républiques socialistes soviétiques Союз Советских Социалистических Республик ( …   Wikipédia en Français

  • Union des Républiques Socialistes Sovietiques — Union des républiques socialistes soviétiques Pour les articles homonymes, voir RSS et Soviétique. Union des républiques socialistes soviétiques Союз Советских Социалистических Республик …   Wikipédia en Français

  • Union des Républiques Socialistes Soviétiques — Pour les articles homonymes, voir RSS et Soviétique. Union des républiques socialistes soviétiques Союз Советских Социалистических Республик …   Wikipédia en Français

  • Union des Républiques socialistes soviétiques — Pour les articles homonymes, voir RSS et Soviétique. Union des républiques socialistes soviétiques Союз Советских Социалистических Республик …   Wikipédia en Français

  • Union des republiques socialistes sovietiques — Union des républiques socialistes soviétiques Pour les articles homonymes, voir RSS et Soviétique. Union des républiques socialistes soviétiques Союз Советских Социалистических Республик …   Wikipédia en Français

  • SOCIALISME - Mouvement communiste et question nationale — C’est en Europe centrale que le problème national s’est posé avec le plus d’acuité au mouvement ouvrier et marxiste au XIXe et au début du XXe siècle. S’il est au centre des débats à l’issue de la révolution de 1905, qui fut le théâtre privilégié …   Encyclopédie Universelle

  • PAYS-BAS — Deux fils conducteurs particuliers marquent l’histoire des Pays Bas. D’une part, outre les changements des frontières politiques à l’est et au sud, qui constituent toujours une bonne partie de l’histoire d’un peuple, les Pays Bas connaissent un… …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”